On rencontre aussi un grand nombre de gros blocs de basalte scoriace dont les cavites sont tapissees de chabasie (?) et de mesotype fibro-rayonne. Quelques-uns de ces specimens offraient une apparence singuliere, due a ce qu'une partie des vacuoles etaient a moitie remplies d'un mineral mesotypique blanc, tendre et terreux, qui gonflait sous le chalumeau d'une maniere remarquable. Comme les surfaces superieures, dans toutes les vacuoles a moitie remplies, sont exactement paralleles, il est evident que cette substance est descendue au fond de chaque vacuole sous l'action de son propre poids. Parfois cependant les vacuoles sont completement remplies. D'autres vacuoles sont ou bien remplies, ou bien tapissees de petits cristaux qui paraissent etre de la chabasie; frequemment aussi ces cristaux tapissent la moitie superieure des vacuoles qui sont partiellement remplies par le mineral terreux, ainsi que la surface superieure de cette derniere substance; dans ce cas les deux mineraux semblent se fondre l'un dans l'autre. Je n'ai jamais vu une roche amygdaloidale[2] dont les vacuoles fussent a moitie remplies comme celles que nous venons de decrire; il est difficile de decouvrir la cause pour laquelle ce mineral terreux s'est depose au fond des vacuoles sous l'influence de son propre poids, et pour quelle raison le mineral cristallin s'est depose en enduit d'epaisseur uniforme sur les parois des vacuoles.
Sur les flancs de la vallee, les bancs basaltiques sont doucement inclines vers la mer, et je n'ai observe nulle part qu'ils fussent deranges de leur position normale; ils sont separes l'un de l'autre par des lits epais et compacts de conglomerats a fragments volumineux, quelquefois arrondis, mais generalement anguleux. Le caractere de ces bancs, l'etat compact et la nature cristalline de la plupart des laves, ainsi que la nature des mineraux qui s'y sont formes par infiltration, me portent a croire que la coulee s'est etalee primitivement sous la mer. Cette conclusion s'accorde avec le fait que le Rev. W. Ellis a rencontre, a une altitude considerable, des restes d'organismes marins dans des couches qu'il croit interstratifiees avec des matieres volcaniques. De plus, MM. Tyermann et Bennet ont signale des faits semblables a Huaheine, autre ile de cet archipel; en outre, M. Stutchbury a decouvert une couche de corail semi-fossile au sommet d'une des montagnes les plus elevees de Tahiti, a l'altitude de plusieurs milliers de pieds. Aucun de ces restes fossiles n'a ete determine specifiquement. J'ai vainement cherche la trace d'un soulevement recent sur la cote, ou les grandes masses coraliennes qui s'y trouvent en auraient fourni des preuves irrefutables. Je renvoie le lecteur a mon ouvrage sur la _Structure et la Distribution des recifs coraliens_, pour les citations des auteurs dont j'ai parle et pour l'exposition detaillee des raisons qui m'empechent de croire que Tahiti a subi un soulevement recent.
_Maurice_.--Lorsqu'on approche de cette ile du cote du N. ou du N.-W., on voit une chaine recourbee de montagnes escarpees, surmontees de pics tres abrupts, dont le pied surgit d'une zone unie de terrain cultive, qui s'incline doucement jusqu'a la cote. La premiere impression qu'on eprouve est que la mer atteignait, a une epoque peu reculee, le pied de ces montagnes, et apres un examen attentif cette impression se confirme, au moins pour la partie inferieure de cette zone. Divers auteurs[3] ont decrit des masses de roche corallienne soulevees sur la plus grande partie de la circonference de l'ile. Entre Tamarin Bay et Great Black River j'ai observe avec le capitaine Lloyd deux monticules de roche corallienne, dont la partie inferieure est formee de gres calcareux dur, et la partie superieure, de grands blocs a peine agreges, constitues par des Astrees, des Madrepores et des fragments de basalte; ils etaient disposes en bancs plongeant vers la mer sous un angle qui dans un cas etait de 8 et dans un autre de 18 deg.; ils semblaient avoir ete exposes a l'action des vagues, et ils s'elevaient brusquement a la hauteur d'environ 20 pieds, d'une surface unie jonchee de debris organiques roules.