Nous avons vu que des segments de l'enceinte basaltique, longs de 2 a 3 milles sur 1 ou 2 milles de largeur et 1.000 a 2.000 pieds de hauteur, ont ete completement rases. En outre, des recifs et des bancs de rochers s'elevent dans la mer en des endroits ou elle presente de grandes profondeurs, a 3 ou 4 milles de la cote actuelle. D'apres M. Seale, on peut les suivre jusqu'au rivage et constater ainsi qu'ils forment le prolongement de certains grands dikes bien determines. La formation de ces rochers est due evidemment a l'action des vagues de l'Ocean Atlantique, et il est interessant de constater que les rochers situes sous le vent de l'ile, du cote qui est partiellement protege et qui s'etend de Sugar-Loaf Hill a South-West Point, presentent une hauteur moindre, quoique encore considerable, correspondant a une situation mieux abritee. Quand on songe a l'altitude relativement faible que presentent les cotes d'un grand nombre d'iles volcaniques, exposees comme Sainte-Helene a l'action de la pleine mer, et dont l'origine semble remonter a une haute antiquite, l'esprit recule a l'idee d'evaluer le nombre de siecles necessaires pour reduire en limon et disperser l'enorme volume de roches dures qui a ete arrache au littoral de cette ile. L'etat de la surface de Sainte-Helene offre un contraste frappant avec celle de l'ile la plus voisine, l'Ascension. A l'Ascension les coulees de lave presentent une surface brillante, comme si elles venaient d'etre ejaculees; leurs limites sont bien definies, et souvent on peut les suivre jusqu'aux crateres encore intacts qui les ont emises. Pendant mes nombreuses et longues promenades je n'ai pas observe un seul dike; et sur la circonference presque entiere de l'ile la cote est basse et a ete rongee au point de ne plus former qu'un petit mur dont la hauteur varie de 10 a 40 pieds (il ne faut pourtant pas attacher a ce fait une importance trop considerable, car l'ile a pu s'affaisser). Cependant depuis trois cent quarante ans que l'ile de l'Ascension est connue, on n'y a pas signale le moindre symptome d'action volcanique[18]. D'autre part, a Sainte-Helene on ne saurait suivre le cours d'aucune coulee de lave, en se guidant soit par l'etat de ses limites, soit par celui de la surface; il n'y reste que l'epave d'un grand cratere. Des dikes ruines sillonnent non seulement les vallees, mais meme la surface de quelques-unes des collines les plus elevees; et, en plusieurs endroits, les sommets denudes de grands cones de roche injectee sont exposes et decouverts. Enfin, nous avons vu que le pourtour entier de l'ile a ete profondement erode, de maniere a former de gigantesques falaises.
_Crateres de soulevement_.--Les iles de Sainte-Helene, de San Thiago et Maurice offrent une grande ressemblance au point de vue de leur structure et de leur histoire geologique. Ces trois iles sont enfermees (tout au moins celles de leurs parties qu'il m'a ete possible de visiter) dans un cercle de montagnes basaltiques fortement entame aujourd'hui, mais qui a ete evidemment continu autrefois. Le versant de ces montagnes, dirige vers l'interieur de l'ile, est escarpe, ou parait pour le moins l'avoir ete autrefois, et les couches dont elles sont constituees plongent vers la mer. Je n'ai pu determiner l'inclinaison des bancs que dans un petit nombre de cas seulement, et cette operation n'etait pas facile, car la stratification paraissait generalement mal definie, si ce n'est quand on l'observait de loin. Cependant, je suis a peu pres certain que, conformement aux recherches de M. Elie de Beaumont, leur inclinaison moyenne est superieure a celle qu'ils auraient pu prendre en coulant sur une pente, etant donnees leur epaisseur et leur compacite. A Sainte-Helene et a San Thiago les couches basaltiques reposent sur des bancs plus anciens, d'une composition differente, et qui sont probablement sous-marins. Dans les trois iles, des deluges de laves plus recentes se sont ecoules du centre de l'ile vers les montagnes basaltiques et entre ces dernieres; et a Sainte-Helene la plate-forme centrale a ete comblee par ces laves.