en latitude et une largeur egale en longitude, sur les cotes sud, ouest et nord-ouest"[5]. Suivant M. Peron, dont les observations et les opinions sur l'origine de la matiere calcaire et des moules ramifies concordent parfaitement avec les miennes, il parait que le depot est generalement beaucoup plus continu qu'aux environs de King George's Sound. L'archidiacre Scott[6] rapporte qu'a Swan River le depot s'etend, en un point, a 10 milles dans l'interieur des terres. En outre, le capitaine Winckham m'a raconte que, pendant sa derniere inspection de la cote occidentale, il a observe qu'en tous les points ou le navire jetait l'ancre le fond de la mer etait forme d'une matiere calcaire blanche, ainsi qu'il s'en est assure en faisant descendre au fond des pinces en fer. Il semble donc que le long de cette cote, comme aux Bermudes et a l'Atoll Keeling, il se forme simultanement des depots sous-marins et subaeriens qui se produisent par la desintegration d'organismes marins. L'etendue de ces depots est tres remarquable en egard a leur origine, et on ne peut les comparer sous ce rapport qu'aux grands recifs coralliens de l'ocean Indien et du Pacifique. Dans d'autres parties du monde, dans l'Amerique du Sud par exemple, il existe des depots calcareux _superficiels_ d'une grande etendue, dans lesquels on ne peut decouvrir aucune trace de structure organique. Ces observations stimuleront peut-etre les recherches quant a savoir si les depots de cette nature ne pourraient pas etre formes aussi par des debris de coquilles et de coraux.

Notes:

[1] J'ai visite cette colline avec le capitaine Fitz-Roy, et nous sommes arrives tous les deux a la meme conclusion au sujet de ces corps ramifies.

[2] J'adopte ce terme d'apres l'excellent travail du lieutenant Nelson sur les iles Bermudes (_Geolog. Transactions_, vol. V, p. 106) pour la pierre dure, compacte, de couleur creme ou brune, sans aucune structure cristalline, qui accompagne si souvent les accumulations calcaires superficielles. J'ai observe des bancs superficiels semblables recouverts de roche substalagmitique au cap de Bonne-Esperance, dans plusieurs parties du Chili et sur de grandes etendues a la Plata et en Patagonie. Quelques-uns de ces bancs ont ete formes par la destruction de coquilles, mais l'origine du plus grand nombre d'entre eux est fort obscure. Je pense que l'on ne connait pas les causes pour lesquelles l'eau dissout du calcaire et le redepose peu apres. La surface des couches substalagmitiques parait etre toujours erodee par l'eau des pluies. Comme toutes les contrees mentionnees plus haut jouissent d'une saison seche fort longue en comparaison de la saison pluvieuse, j'aurais cru que la presence des calcaires substalagmitiques etait en rapport avec le climat si le lieutenant Nelson n'avait pas decouvert cette substance en voie de formation sous la mer. Les coquilles decomposees paraissent extremement solubles; j'en ai trouve une excellente preuve en observant une roche curieuse de Coquimbo au Chili qui etait formee de petites carapaces vides et translucides cimentees. L'examen d'une serie d'echantillons montrait clairement que ces carapaces avaient contenu primitivement de petits fragments arrondis de coquilles, cimentes et enveloppes par une matiere calcaire (comme cela se produit frequemment sur le rivage de la mer) et ensuite decomposes et dissous dans l'eau qui doit avoir traverse les enveloppes calcaires sans les attaquer.--On pouvait observer toutes les phases de ce phenomene.

[3] Voir Peron, _Voyage_, t. I, p. 204.

[4] Le Dr J. Macaulay a donne une description complete des moules de Madere (_Edinb. New Phil. Jour._, vol. XXIX, p. 350). Il considere ces corps comme des coraux (s'ecartant ainsi de l'opinion de M. Smith de Jordan Hill) et le depot calcaire comme d'origine sous-marine. Les remarques qu'il fait relativement a la structure de ces corps sont peu precises. Ses arguments s'appuient principalement sur l'abondance de la matiere calcareuse et sur le fait que les moules renferment une matiere d'origine animale dont la presence est demontree par l'ammoniaque qu'ils degagent.

Charles Darwin

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